Jonathan Sonantis

 -  Siècle : 20e

 -  Point de départ : protestantisme.

 -  Préoccupation : le Rosaire serait-il une pratique idolâtrique ? Non. Est-il efficace ?

 -  Porte d’entrée dans la vraie religion : Il prie le Rosaire pour la première fois.

  Jonathan Sonantis est éberlué en apprenant que certaines églises protestantes baptistes ont adopté la récitation du rosaire. Pendant quelques jours, cela devient même une obsession. Il enquête fiévreusement sur la dévotion mariale en général et le rosaire en particulier. Ne s’agit-il pas d’une pratique idolâtrique ?

  Après examen, Jonathan, découvre que le rosaire se compose essentiellement de trois choses : le Pater, l’Ave Maria et la méditation sur les événements importants de la vie du Christ et de Marie. De ces trois éléments, seul le second peut être soupçonné de déviation idolâtrique. Aussi décide-t-il d’examiner attentivement l’Ave Maria.

  Il ne peut critiquer la première partie, composée de citations scripturaires. L’invocation qui ouvre la seconde partie (sainte Marie, mère de Dieu) lui paraît, à la réflexion, théologiquement irréprochable dès lors qu’on admet que Jésus est Dieu. Quant à la demande priez pour nous, pauvres pécheurs…, il doit reconnaître qu’il n’y a rien de mal à demander à quelqu’un de prier pour nous.

  Cette prière n’est donc pas idolâtrique, mais est-elle efficace ?

  Est-il possible à Marie de prier pour nous ? A l’époque, parce que je n’avais pas compris la vision béatifique dont jouissent les saints, je pensais que cela dépendait de la doctrine catholique de l’Assomption de Marie au ciel.

  Jonathan entame donc une enquête sur l’assomption. La plus grosse critique des protestants est le caractère tardif de cette croyance qui ne peut, disent-ils, remonter à l’âge apostolique.

  La première chose que je remarquai fut que personne dans l’Église n’a jamais prétendu avoir des reliques corporelles de Marie. Vous pouvez prendre au hasard n’importe quel personnage important dans l’histoire de l’Église, il y aura tout de suite de nombreuses reliques, vraies ou prétendues, de ce personnage. Le fait vraiment étrange au sujet de Marie est que personne n’a jamais prétendu savoir où est enseveli son corps. Ce n’est pas une preuve absolue de l’assomption, mais cela la rend plus probable et cela établit la grande antiquité de cette doctrine. (à ce moment, je n’avais pas encore été contraint d’admettre que la vénération de Marie est attestée depuis le début du second siècle).

  Il y a, par ailleurs, un lien entre la souillure du péché et la corruption du tombeau. La préservation de l’une marche, logiquement, avec la préservation de l’autre. Or dès qu’on croit vraiment à la divinité du Christ, qui a habité pendant neuf mois dans le sein de Marie, on ne peut que trouver digne et convenable que Marie ait été préservée du péché. Ce premier privilège justifierait celui de l’assomption immédiate après la mort.

  Enfin, Jonathan est éclairé par une parole de Jésus. Face aux Sadducéens qui nient la vie après la mort, Jésus affirme que les justes de l’ancien Testament qui ont quitté cette vie méritent pourtant encore le nom de vivants (Lc 20, 27-38).

  Cette parole, ainsi qu’un peu de philosophie thomiste, m’a convaincu qu’il était possible à Marie de prier pour moi, et à moi de lui demander de le faire.

  Satisfait de constater que l’assomption n’était pas une croyance folle, et que, quand bien même elle serait fausse, Marie pouvait quand même prier pour moi, je décidai de faire un essai. Ce fut le début de ma conversion. Je priai le Rosaire pour la première fois. Ce fut probablement la plus belle prière et méditation de ma vie jusqu’à ce jour. Contempler la torture et la mort du Christ tout en demandant à Notre-Dame son intercession me remua jusqu’aux larmes. En fait, le Rosaire illustre de façon magnifique une vérité importante au sujet de Marie. Toujours, et dans tout ce qu’elle fait, elle oriente au-delà d’elle-même, vers son Fils bien-aimé, Notre Seigneur Jésus-Christ.

  C’est le début, mais pas encore la conversion complète. Jonathan résiste. Il se raccroche aux quelques éléments catholiques qui le rebutent pour se convaincre qu’il ne doit surtout pas regarder dans cette direction. Dès que l’Église catholique est en jeu, il ironise férocement. Il finit par se rendre compte que cette attitude moqueuse est, au fond, un mécanisme de défense, alors que tous ses préjugés contre le catholicisme s’érodent progressivement.

  A la fin, […] j’étais convaincu de presque toute la doctrine catholique, mais j’essayais encore désespérément de détruire l’attirance que l’Église exerçait sur moi. J’estimais que, quoi qu’il m’arrive, et quelles que puissent être mes convictions, je ne pouvais certainement pas devenir catholique, parce que le catholicisme était l’ennemi. […] Je ne voulais pas être attiré par l’Église catholique ni convaincu à son sujet.

  La grâce de Dieu finit par vaincre ces réticences.

 

D'après Douglas M. Beaumont (ed.),

Evangelical ExodusEvangelical seminarians and their paths to Rome,

San Francisco, Ignatius Press, 2016, 264 p.

 

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