Brian Mathews
- Siècle : 20e
- Point de départ : protestantisme.
- Préoccupation : retrouver la succession apostolique
- Porte d’entrée dans la vraie religion : Importance de la succession apostolique dans l’histoire de l’Église, elle garantit qu’il s’agit bien de l’Église fondée par le Christ.
Brian Mathews a parcouru ces deux étapes en sens inverse. C’est d’abord le principe du Sola Fide qui le préoccupe, suite à une discussion avec un calviniste intégral qui en déduit, dans la stricte logique de son système, que Jésus n’est pas mort pour tous les hommes mais seulement pour ceux à qui il accorde la foi. Ceux qu’il n’a pas voulu sauver sont prédestinés à l’enfer. Pour éviter cette conséquence extrême, qui le choque, Brian étudie les autres positions protestantes sur ce problème, et découvre un jour la position catholique à travers un débat entre un catholique et un protestant, sur internet :
Au lieu d’écouter simplement le débat, j’avais entrepris de prendre des notes. Je dus faire le constat assez déstabilisant que l’apologète catholique présentait de forts arguments bibliques en faveur de la position catholique sur la justification. […] Je n’avais jamais entendu la doctrine catholique exposée de façon persuasive en un tel détail, à partir des Écritures. Quoique cet apologète n’ait pas forcément gagné ce débat, je découvrais une nouvelle interprétation de l’épître aux Romains et des Écritures en général, que j’étais forcé de prendre sérieusement en compte.
Brian se sent en position de détresse : entre tant d’interprétations différentes de la Bible, comment être sûr de ne pas se tromper ? Sur une question essentielle, des théologiens également brillants parviennent à des conclusions absolument opposées, et la position catholique ne lui paraît pas moins logique ni moins bien fondée que les autres. Il tourne et retourne le problème sans parvenir à se décider. Il ne voit pas d’issue, jusqu’au moment où il comprend qu’il doit mettre aussi en doute le principe Sola scriptura.
En pratique, l’Écriture n’est jamais seule. Bien des protestants reconnaissent que la plupart des chrétiens ont besoin d’être guidés dans leur compréhension de la Bible. Il faut seulement, disent-ils, choisir ces guides dans une Église fidèle à l’Évangile.
– Et comment distinguer cette Église ?
– En comparant son enseignement avec la sainte Écriture !
On tourne en rond. Avec cet argument circulaire, des centaines de groupes concurrents se présentent comme les interprètes autorisés de la Parole de Dieu et brandissent, pour le prouver, leurs interprétations privées. Débat sans issue. Brian ne voit pas comment en sortir, lorsqu’il découvre, tout à coup, que l’Église catholique apporte un autre critère. Un critère qui permet d’échapper au cercle vicieux, puisque la véritable Église ne se reconnaît pas d’abord au fait qu’elle interprète correctement l’Écriture (comme chaque groupe prétend le faire), mais à la succession apostolique :
L’Église est définie par la succession apostolique : une chaîne ininterrompue d’évêques remontant de l’époque actuelle jusqu’aux premiers Apôtres qui ont été ordonnés par le Christ lui-même. En d’autres termes, le Christ a donné aux Apôtres l’autorité d’enseigner en son nom, et les Apôtres ont transmis à d’autres, par l’imposition des mains, cette autorité divine d’enseigner en son nom […]. Si une personne n’a pas la succession apostolique, elle n’est pas divinement autorisée à enseigner, prêcher et gouverner l’Église du Christ.
Sur le coup, cette solution, qu’il découvre dans un article d’apologétique catholique, le stupéfie :
Je dois admettre, quoique cet article ait profondément résonné en moi au niveau personnel, intellectuel, philosophique et théologique, qu’une telle solution était incroyablement étrangère à ma pensée. Jusqu’à ce moment, les professions de foi, les formules de Credo et même l’histoire de l’Église étaient tout à fait secondaires dans mes efforts pour interpréter l’Écriture correctement. […]
Je commençai à découvrir l’importance de la succession apostolique dans l’histoire de l’Église. Les listes d’évêques successifs, la nécessité d’être soumis à l’évêque, la manière dont l’Église résolvait les disputes théologiques par des conciles, la façon dont les premiers apologistes chrétiens répondaient aux hérétiques et aux schismatiques en insistant sur la succession apostolique, la signification du primat de l’évêque de Rome envahirent mes pensées.
En décembre 2012, Brian Mathews fait le pas décisif vers l’Église catholique
D'après Douglas M. Beaumont (ed.),
Evangelical Exodus – Evangelical seminarians and their paths to Rome,
San Francisco, Ignatius Press, 2016, 264 p.
Pour approfondir cliquez ici