Saint AUGUSTIN (354 - 430)
- Siècle : 4e
- Point de départ : antagonisme familial entre paganisme (père) et christianisme (mère).
- Préoccupation : tiraillé entre débauche et remords entre ses activités de rhétoricien et les prédications de saint Ambroise il hésite longtemps.
- Porte d’entrée dans la vraie religion : il remet sans cesse sa décision, quand un jour, il entend une voix d’enfant qui chante : « Prends et lis ». Il se précipite sur les Épitres aux Romains et tombe sur le passage : « Ne vivez ni dans les excès du vin, ni dans ceux de la bonne chère, ni dans l’impureté et la débauche…..mais revêtez-vous de Notre-Seigneur Jésus-Christ, et ne cherchez point à contenter la chair dans ses convoitises ».
Augustin était né à Thagaste, en Tunisie, le 15 novembre 354. Augustin avait rencontré dans la maison paternelle la lutte entre les deux religions, le paganisme et le christianisme, lutte qui allait devenir le drame de sa propre vie. Son père ambitionnant pour lui quelque brillante carrière libérale à laquelle semblaient le destiner ses dispositions merveilleuses, il étudia à Thagaste, à Madaure, puis à Carthage.
A Carthage, Augustin se plongea de plus en plus dans la débauche. En 372, il avait pris une concubine, dont il eut un fils que, dans un élan instinctif de piété, il appela Adeodatus (donné de Dieu). Au milieu de ses désordres, les premières impressions religieuses qu’il avait reçues comme catéchumène ne s’étaient point effacées dans son âme ; elles faisaient entendre sourdement leur voix, de temps en temps le secouaient de sa torpeur, ne lui permettant pas de se laisser entièrement séduire par les doctrines philosophiques du paganisme, ni de trouver une satisfaction parfaite dans le péché ; ce qui lui faisait dire : « Dieu a partout mêlé au péché une amertume salutaire, par laquelle il ramène à lui ceux qui se sont détournés vers une pernicieuse jouissance. ». Il fut envoyé à Milan, comme professeur d’éloquence (384). Il était dans sa trentième année.
Les prédications de saint Ambroise, évêque de Milan, qu’il suivait assidûment, uniquement par curiosité de rhéteur, firent pénétrer peu à peu, à son insu, les idées chrétiennes dans son âme. Les larmes et les prières de sa mère, qui était venue le rejoindre firent le reste. Il se remit à lire les Écritures, surtout les Épîtres de saint Paul, qui commencèrent à le dégoûter du platonisme. Ses relations avec saint Ambroise, et le prêtre Simplicien, qui avait instruit saint Ambroise, développèrent ses impressions. Il eût voulu faire connaître au saint évêque les agitations de son âme, mais il n’osait l’interrompre dans ses lectures.
Ce fut dans ces dispositions d’esprit que, s’adressant au prêtre Simplicien, il lui raconta tout le cours de ses erreurs, et lui dit qu'il avait lu quelques livres de platoniciens. Simplicien le félicita d'être tombé sur ces écrits, et lui raconta la conversion de Victorin lui-même, à laquelle il avait eu tant de part. Augustin, à ce récit, sentit naître dans son cœur un immense désir d’imiter Victorin, de recevoir le baptême, et de renoncer comme lui à la profession de rhéteur. L’heure de la grâce allait sonner.
« Mais, misérable que j’étais, et plus misérable qu’on ne le saurait dire, dès ma plus tendre jeunesse, je vous avais demandé le don de chasteté; mais comment l’avais-je demandé ? Je vous avais dit : « Accordez-moi, Seigneur, d’être chaste et continent, mais non pas encore tout à l'heure », car je craignais d’être trop promptement exaucé ; je craignais d’être trop promptement guéri du mal impur dont j’étais possédé. »
« Il y avait, dans la maison que nous habitions, un petit jardin dont nous avions la jouissance, parce que notre hôte, qui ne faisait point sa demeure dans cette maison, nous l'avait abandonnée tout entière. »
« Je m’en allai donc dans ce jardin……telle était l’angoisse de mon âme, et dans ces souffrances qu’elle me faisait durement éprouver, je m’accusais beaucoup plus qu’à l’ordinaire, me roulant et me débattant dans ma chaîne jusqu’à ce que j’eusse achevé de la rompre. »
« Je me disais donc à moi-même, et du fond du cœur : « C’est pour tout à l’heure, tout à l’heure ! » Et cette parole me rapprochait de l’exécution. J’étais sur le point d'achever, et cependant je n’achevais pas, je demeurais en suspens...»
« Je parlais de la sorte, et je pleurais dans la plus amère contrition de mon cœur. Et voilà que d’une maison voisine j’entends sortir une voix, comme la voix d’un jeune garçon ou d’une jeune fille, je ne sais, qui disait en chantant et répétait à plusieurs reprises: « Prends et lis ; prends et lis. » Je changeai soudain de visage, et me mis à chercher attentivement en moi- même si, dans quelques uns de leurs jeux, les enfants ne chantaient pas quelque chose de semblable ; et je ne me souvins pas de l’avoir jamais remarqué. Arrêtant le cours de mes larmes, je me levai, sans pouvoir m’expliquer autrement ces paroles, sinon que Dieu me commandait d’ouvrir les saintes Écritures, et d'y lire le premier passage que j'y trouverais. »
« Je retournai donc précipitamment au lieu où j’avais laissé le livre de l'Apôtre, lorsque j’en étais parti. Je le pris, je l’ouvris, et au premier endroit où se fixèrent mes yeux, je lus tout bas ces paroles : « Ne vivez ni dans les excès du vin, ni dans ceux de la bonne chère, ni dans l’impureté et la débauche, ni dans les querelles et la jalousie; mais revêtez-vous de Notre-Seigneur Jésus-Christ, et ne cherchez point à contenter la chair dans ses convoitises [1]». Je n’en voulus pas lire davantage, et il n’en était pas besoin ; car aussitôt il se répandit dans mon cœur comme une lumière de paix, qui mit en fuite toutes les ténèbres de mes doutes. »
« De là, avec mon ami Alipe, nous allâmes trouver ma mère, et lui tout raconter ; elle s’en réjouit. Nous lui dîmes comment la chose s’était passée ; elle en fut ravie et en tressaillit de joie. Elle vous bénissait, Seigneur, vous dont la puissance passe tout ce que nous pouvons en demander ou en comprendre, elle vous bénissait de ce que vous lui aviez accordé pour moi, bien plus que ne vous en demandaient ses gémissements et ses larmes. Car vous m’aviez si entièrement ramené à vous, que je ne songeais plus ni au mariage ni à aucune espérance du siècle, ferme désormais dans cette règle de la foi, où, tant d’années auparavant, vous lui aviez révélé qu’un jour je serais avec elle... Ainsi vous changeâtes ses pleurs en une joie qui dépassait de beaucoup tous ses vœux, en une joie pour elle plus chère et plus pure que celle qu’elle pouvait attendre des enfants nés de ma chair. »
Pendant les fêtes de Pâques de l’année 387, Augustin était baptisé par Ambroise avec son ami Alipe et son fils Adéodat, qu’il devait perdre peu de temps après.
Extraits de l’ouvrage « Les conversions célèbres »
Vous pouvez lire aussi Saint Augustin, Les confessions, Réimpression de l´édition Moreau de 1864, disponibles ici
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[1] Ep. ad. Rom., XIII, 13, 14.