Israël ZOLLI (1881-1956)
- Siècle : 20e
- Point de départ : rabbin juif.
- Préoccupation : Jésus en Croix : Pourquoi l’ont-ils crucifié ?
- Porte d’entrée dans la vraie religion : A la synagogue, le jour de Yom Kippour, il voit Jésus-Christ qui lui dit : « Tu es ici pour la dernière fois »
Une famille de Rabbins
Israël Zolli est le cadet des cinq enfants d’une famille riche et cultivée. Sa mère est issue d’une lignée de rabbins érudits remontant à deux siècles. Israël suit leur exemple, allant trois jours par semaine à une école hébraïque en plus de l’école élémentaire ordinaire. Mais il fait parfois ses devoirs chez un camarade catholique, et y voit un grand crucifix suspendu au mur.
« Pourquoi cet homme était-il crucifié ? Me demandai-je [...] Pourquoi tant de gens le suivaient-ils s’il était si mauvais ? Pourquoi ceux qui le suivent sont-ils si bons ? Et ils adorent ce crucifié ? Pourquoi nous, les garçons, sommes-nous si différents en présence de ce crucifix ?
« De plus, ce crucifié éveillait en moi une grande compassion. J’avais la même impression forte de son innocence et de sa douleur [...]. Il était en agonie.
« Pourquoi avons-nous tourmenté et mis à mort Celui qui a porté nos péchés ? »
Zolli poursuit ses études à la fois dans des universités séculières et au collège rabbinique ; à trente-sept ans, il est grand rabbin de Trieste, un des centres israélites les plus importants d’Europe à l’époque. Il est habité par l’amour du peuple juif et de Dieu, mais rempli de compassion aimante pour « le crucifié ».
Le rabbin Zolli demeure à Trieste de 1918 à 1938. Il écrit plusieurs œuvres savantes et enseigne les langues sémitiques à l’université de Padoue. Beaucoup de ses étudiants sont des prêtres. Dans son autobiographie, il note : « Ils se souvenaient de moi dans leur sainte messe, en demandant à Dieu (comme ils me l’ont dit des années plus tard) ma conversion. »
En 1939, Zolli quitte Trieste pour devenir le grand rabbin de Rome.
Tu es ici pour la dernière fois
L’expérience décisive eut lieu en 1944, tandis que Zolli célèbrait l’office de Yom Kippour - la fête la plus solennelle du calendrier liturgique hébraïque - en tant que grand rabbin de Rome. Il écrivit :
« C’était le jour du Grand Pardon [=Yom Kippour] à l’automne 1944, et je présidais le service religieux [...]. Ce fut comme si un brouillard se glissait peu à peu à l’intérieur de mon âme. Il devint plus dense, et je perdis le contact avec tous ceux m’entouraient. [...] Et tout à coup, je vis avec les yeux de mon âme une prairie, vers le haut avec de l’herbe luisant [...]. Dans ce pré, je vis Jésus-Christ habillé d’un manteau blanc, et au-dessus de sa tête le ciel bleu. Une grande paix intérieure m’envahit et si je devais décrire l’état de mon âme en images à ce moment-là, j’évoquerais un lac aux eaux cristallines parmi de hautes montagnes. Au fond de mon cœur, j’entendis les mots : « Tu es ici pour la dernière fois... » [...] La réponse de mon cœur jaillit aussitôt : « Ainsi soit-il, ainsi sera-t-il, ainsi cela doit-il être ».
« Quelques jours après cette expérience, je donnai ma démission de mon poste au sein de la Communauté israélite et j’allai trouver un prêtre tout à fait inconnu afin de recevoir de l’instruction. Quelques semaines passèrent jusqu’au 13 février, date à laquelle on me conféra le sacrement de baptême et où je fus reçu dans l’Église catholique, Corps mystique de Jésus-Christ. »
En signe de gratitude envers Pie XII, qui avait fait tout son possible pour sauver les Juifs pendant la guerre, Zolli choisit comme nom de baptême le prénom du Saint-Père : Eugenio.
Zolli ne voyait pas son entrée dans l’Église catholique comme une conversion du Judaïsme, mais comme un accomplissement.
Lorsqu’on lui demanda pourquoi il avait renoncé à la synagogue pour entrer dans l’Église, Zolli répondit :
« Mais je n’y ai pas renoncé. Le Christianisme est l’achèvement de la synagogue. Car la synagogue était une promesse et le Christianisme, l’accomplissement de cette promesse. La synagogue indiquait le Christianisme ; le Christianisme présupposait la synagogue. Ainsi, vous voyez que l’une ne peut exister sans l’autre. Ce à quoi j’ai été converti, c’est au Christianisme vivant. »
Loin de rejeter sa judéité, Zolli en était fier. En guise d’explication, il citait les paroles de saint Ignace de Loyola : « J’estimerais un privilège d’être uni au Christ, notre Seigneur, et à Notre glorieuse Vierge Marie, par les liens du sang ! »
Eugenio Zolli, Why I became a Catholic
(traduit en français par Judith Cabaud sous le titre Avant l’Aube, F.-X. de Guibert, Paris 2001).
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